lundi 31 décembre 2012

Nouveaux armoriaux en ligne sur Gallica (BNF)

De nouveaux manuscrits ont été mis en ligne par Gallica, site présentant les ouvrages numérisés par la Bibliothèque Nationale de France.
     Les armoriaux sont présentés sous des titres peu précis (généralement le début du texte du manuscrit) et des dates approximatives.
     J'ai donc mené une enquête pour retrouver leur identité et la date de l'original (quand il s'agissait d'une copie manuscrite ultérieure).
     Les manuscrits sont rangés du plus ancien au plus récent. Plusieurs manuscrits "célèbres" peuvent enfin être admirés en ligne.
N.B. du 2 février 2013 : je n'avais pas vu qu'il y avait aussi l'Armorial Le Bouvier, dit Berry. Je l'ai ajouté.
Mis à jour le 8 février 2015.
Mis à jour le 30 juin 2023.
Loys daulphin de Viennois filz de Charles septiesme,
Armorial du héraut Navarre, f°2 (©BNF)

dimanche 23 décembre 2012

L'étoile des princes des Baux de Provence

Le nom de la famille de Baux ou Des Baux a été connu sous différentes graphies : en occitan ancien dels Baus, en latin de Baucio ou de Bautio, en ancien français Des Balz ou Des Baulx, en occitan moderne del Bauç et en italien del Balzo.
      Originaire de la ville des Baux de Provence, cette maison, jadis souveraine, a longtemps dominé la vie politique de la région du comtat Venaissin et de la Provence. Après avoir construit un château dans cette ville (le Castrum Balcius est cité en 981), ils prirent son nom comme patronyme, Des Baux.
     Comme c'est bientôt Noël, j'ai voulu faire un billet sur l'emblème de cette famille, cette étonnante étoile à seize rais, très rare en Occident.
     Les seigneurs des Baux prétendaient descendre du Roi mage Balthazar. Aussi prirent-ils pour emblème l'étoile de la nativité à seize branches : "de gueules à l'étoile à seize rais d'argent" et, en italien, "di rosso, alla stella (16) d'argento" ou "di rosso alla cometa di sedici raggi d'argento" (le terme comète rappelle le lien avec les Rois mages).
-- 1345?, Baoscich, Rubcich (Stanislaus), Insignia procerum Bosnae, Croatiae, Illyriae, &c,
quorum alter liber unicus asservatur penes Ragusii Rempublicam
, f°38
Biblioteca estense universitaria) [armorial sur la Dalmatie, la Croatie, la Bosnie et les Balkans]

mardi 11 décembre 2012

La harpe du roi David des Landschad von Steinach

La maison des Landschad von Steinach est très ancienne. Elle prend naissance au Moyen Âge, à Steinach am Neckar, au sud de l'Odenwald (chaîne de montagnes) près d'Heidelberg. Famille vassale des évêques de Spire [Speyer, Rheinland-Pfalz] au XIIe siècle, elle comprend par la suite plusieurs personnages importants à la tête du comté palatin du Rhin, l'un des sept plus anciens électorats du Saint-Empire germanique. Le dernier porteur du nom s'éteint en 1653.
     Leurs armes se blasonnent ainsi en allemand : Eine schwarze Harfe mit roten Saiten auf goldenem Grund ["d'or à la harpe de sable cordée de gueules"]. Elles comprennent une harpe dont le nombre de cordes varie et dont le bois est le plus souvent décoré d'une tête de dragon.
1592, Vorsatz in der "Landschadenbibel", Universitätsbibliothek Heidelberg,
Cod. Heid. 370,21 (Hinz 2012 : 256, abb. 320)

vendredi 30 novembre 2012

La thématique du vocabulaire du blason

La langue du blason a une syntaxe figée qui permet, surtout en français, d'aboutir à une formulation très succincte. Le vocabulaire, en revanche, est un champ ouvert, permettant d'accueillir tout terme actuel ou plus ancien.
     De nombreux traités d'héraldique ont proposé leur propre classification. Je n'en ai retenu aucune, car elles rangeaient les différents éléments suivant les critères de l'époque de l'auteur. La classification choisie est celle qui me paraît la plus proche de la manière dont le monde était conçu au Moyen Âge.
"d’or au coq de sable, armé, becqué,
crêté et barbé de gueules, allumé d’argent",
Chinq de Barcoph, Cour amoureuse 625 (d'après Boos 676)

mardi 20 novembre 2012

L'armorial du "Cuer d'amours espris" (1457)

René d'Anjou (1409-1480), surnommé "le Bon Roi René", fut un roi sans royaume. Prince lettré, protecteur des arts, il était poète et auteur à ses heures. Il était plus à l'aise dans l'administration de ses domaines (Anjou, Lorraine et Provence) que dans la diplomatie ou l'art de la guerre. Attaché aux valeurs du passé, il aurait sans doute préféré naître un siècle plus tôt. Fin connaisseur de l'héraldique, il écrivit le fameux Livre des tournois ("Traicitié de la forme et devis comme on fait les tournoys"), ouvrage de référence encore aujourd'hui (Ms fr  2695, de la bibliothèque nationale de France).
     Le "Livre du cuer d'amours espris" fut écrit en 1457. La BNF à Paris en possède une copie (Ms fr 24399). Il en existe une autre, illustrée de façon plus prestigieuse mais dont le texte est moins fidèle, à la National-Bibliothek de Vienne en Autriche (cod. Vindobonensis 2597). Les deux copies datent des années 1460.
     Florence Bouchet (2003) présente ainsi cet ouvrage : "C'est l'œuvre d'un homme vieillissant et le reflet d'un âge finissant, dont le monde imaginaire a lui aussi vieilli. Une œuvre désenchantée, mais dont la mélancolie nous enchante."
"L'armorial", Ms fr 24399, f°91 (©BNF)

mercredi 31 octobre 2012

La maison de Rethel : Halloween au Moyen Âge ?

Non, cette image n'a aucun lien avec Halloween (fête correspondant à l'origine au nouvel an celtique, largement adoptée depuis dans le monde anglo-saxon).
   Ces espèces de chauves-souris sont en fait la stylisation de fers de râteaux utilisés comme figures héraldiques (les manches des râteaux ne sont habituellement pas représentés dans les armoiries).
Rethel, Champagne, 1405
[écu transformé en bannière ; cf. l'original ci-dessous]

lundi 29 octobre 2012

Ordre de description en langue du blason

Ce billet sera majoritairement en noir et blanc, ce qui permettra de faire ressortir en rouge les numéros précisant dans quel ordre le blasonnement doit être énoncé.
   Il est intéressant de noter que l'ordre dans le blasonnement peut différer d'une langue à l'autre. Par exemple, pour Bourgogne "dit ancien" (ancien duché de Bourgogne), on relève :
Le duc de borgongne, LBR pl. 6, 13 (©AN)

samedi 20 octobre 2012

Der Schwanenhals der Edlen von Sebs und Lyne

La famille Sebs und Lyne est originaire de la région du sud-Tyrol (actuellement à la frontière nord de l'Italie). Le patronyme a pris plus tard la graphie Schabs.
   On trouve leurs armoiries pour la première fois en 1365. La famille, qui a vécu dans le village de Schabs depuis l'an 1147, était florissante au XIVe siècle et s'est éteinte en 1506 avec Peter von Sebs. Il existe une pierre tombale du XIVe s. gravée avec leurs armoiries dans l'église du village voisin, Rodeneck.
   Les armes de la famille von Sebs ont survécu dans celles de la commune de Natz-Schabs (ITA Naz-Sciaves) qui est le regroupement de plusieurs villages.
N.B. Mise à jour le 14/12/2013.
"Schild geteilt. Oben auf Rot silberner Reiherkopf nach rechts, unten auf Silber in drei roten Flammen auslaufend" (source) ou encore "Das Wappen ist in zwei Teile geteilt, die obere Hälfte ist rot mit einem silbernen Reiherkopf,
der nach rechts zeigt (nach alten Überlieferungen könnte dies auch ein Schwan sein). Die untere Hälfte ist silbern in drei roten Flammen auslaufend" (source), Wappen der Gemeinde Natz Schabs ©Gemeinde Natz Schabs

dimanche 14 octobre 2012

Les ordres militaires de la péninsule ibérique : Santiago - Calatrava - Alcántara - Avis - Montesa - Cristo

La naissance des ordres militaires et religieux au Moyen Âge a souvent été mise en relation avec les croisades.
   Dans la péninsule ibérique, leur origine a été liée tout spécialement à la Reconquista, reconquête progressive des territoires (Al-Andalus) de la péninsule, occupés par les Almohades (dynastie berbère) appelés "Maures" par toutes les populations chrétiennes de l'époque.
   Le terme "ordre" recouvre ici la notion de confrérie militaire, qu'elle soit religieuse ou laïque (CNRTL : "Groupe, association de personnes obéissant à des règles religieuses, morales, professionnelles"). Quand les membres de l'ordre sont des religieux, ils suivent la règle d'une maison-mère, comme le font les Cisterciens par rapport à Cîteaux. On constate qu'au Moyen Âge les moines peuvent aussi être des guerriers. Dès que les ordres furent rattachés à des souverains, ce qui en faisait des ordres royaux, toute personne pouvait être faite "chevalier", à titre honorifique, sans avoir été moine auparavant, ce qui, dès lors, permis d'y accueillir aussi des femmes. Quand les ordres devinrent laïcs, tout lien avec l'Église et avec la maison-mère fut alors coupé.
   La disparition de l’ordre du Temple fut à l’origine de la création de deux nouveaux ordres.
N.B. Le sujet de ce billet était complexe à traiter. Un grand merci à L.C. pour sa relecture attentive.
  • Orden de Santiago de la Espada
  • Les ordres nés pendant la Reconquista : Calatrava, Alcántara et Avis
  • Les ordres nés suite à la disparition de l'ordre du Temple : Montesa et Cristo
Les quatre ordres royaux espagnols [au 1 : Santiago ; au 2 : Calatrava ; au 3 : Montesa ; au 4 : Alcantara].
Escudo de Armas del Regimiento de las Órdenes Militares de 1793, Espagne (source)

mardi 18 septembre 2012

Les Joinville-Geneville

Jean ou Jehan de Joinville (1225-1317), biographe du roi saint Louis était le fils de Simon de Joinville et de Béatrice ou Béatrix d'Auxonne. Il devint très jeune sire de Joinville et sénéchal de Champagne à titre héréditaire auprès du comte Thibaut IV. Deux de ses frères cadets, Geoffroi (ou Geoffrey, v.1226-†1314) et Simon (†1277) partirent à la cour d'Henry III d'Angleterre et furent connus sous le nom de Geneville. Geoffroi fonda une famille en Irlande mais ses descendants revinrent en France. Simon, quant à lui, ne fit qu'un court séjour en Angleterre.
[trois broyes, au chef chargé d'un lion issant, écu de Joinville entouré d'un croissant, d'une rose
et d'une fleur de lis], sceau de la ville de Joinville (©Archives de l'Aube, D5483)

jeudi 6 septembre 2012

Yves de Tarade, héraldiste érudit

Yves de Tarade, comte de Corbeilles s'est éteint à 3 heures du matin, le 6 septembre 2012, dans sa 75e année.
   Je voudrais rendre hommage à un homme aux multiples facettes qui a vécu une existence remplie de passions.
   Auteur avec C. d'Ampleman du site "Le grand armorial international", il fut l'un des "piliers" du forum de discussions "Héraldique-Noblesse".
"d'azur à deux fasces d'argent maçonnées de sable",
armes d'Yves de Tarade (dessin ©L. Granier, un grand merci à lui)
   J'ai eu la chance de souvent échanger par courrier avec lui et je voudrais dire que c'était un homme de cœur, veillant toujours à corriger les inexactitudes et se dévouant sans relâche quand il s'agissait d'héraldique, tout en gardant sa bonne humeur.
   Pour Yves, ses armes représentaient l'idée qu'il se faisait de la vie : une construction solide.
   Deux termes d'héraldique pourraient le dépeindre rapidement : un "roc" pour la fermeté et un "lion" pour la combativité...

mercredi 5 septembre 2012

"de l'un en l'autre" en langue du blason

En ancien français, de… et de… signifiait qu’on alternait deux couleurs et pouvait aboutir à trois représentations : soit barré-ondé, soit palé, soit encore coupé.
   Aux débuts de l’héraldique et jusqu’à Bara, pour indiquer qu’une figure était partagée par une trait de partition, avec les couleurs alternées, chaque moitié reprenant la couleur du champ opposé, il n’y avait pas d’expression unique. On disait indifféremment : de l’un dans l’autre ou de l’un à l’autre ou de l’un et de l’autre ou encore en un en autre.
"parti, au sautoir anillé de l’un en l’autre" [couleurs factices],
armes Hausmann, gravées par P. Boesch n° 162 (d'après Boos 252)

vendredi 31 août 2012

La seigneurie de Til-Châtel ou Trichâtel

Le nom de la seigneurie de Til-Châtel a existé sous différentes graphies selon les époques : Tilicastro à l’origine, puis Tylicastrum, Tilchastel ou Thilchastel, Trichastel ou Triechastel, Trichâteau ou Tréchâteau ou Trichâtel, Mont-sur-Tille pendant la période révolutionnaire, et enfin Til-Châtel depuis 1860.
   On trouve encore une autre variante : Johanz, sires de Tile Chastial pour Jean de Til-Châtel dans un acte daté de septembre 1265 (voir ci-après).
"d'or à la clef de gueules",
Guy III, sgr de Til-Châtel (†1299), LBR 445 (©AN)
N.B. La famille de Til-Châtel est celle pour laquelle j'ai eu le plus de difficultés à trouver des illustrations contemporaines car le premier sceau connu date de 1248 et le dernier porteur du nom disparut en 1299.

mardi 21 août 2012

Autour de dens, -tis en langue du blason

Quel est le lien entre dance, endenté, denticulé, denté et dentelé ?
   Ces termes ont tous une étymologie commune. Ils proviennent de dens, dentis qui en latin signifiait "dent".
   Ils peuvent être divisés en deux groupes : ceux qui sont "avec des dents" : denté, denticulé, et ceux qui sont "en forme de dent" : dentelé, dance & denché, endenté.
Champ sémantique de dens, -tis "dent" en langue du blason (©AnneBhD)

vendredi 17 août 2012

La famille Holstein-Schaumburg

L’histoire de la feuille d’ortie des Holstein est caractéristique des armes "emblèmes" de familles très connues. À toutes les époques, les auteurs ont voulu expliquer son origine et sa figuration héraldique. Le motif, une simple bordure à l'origine, a évolué en une figure complexe dont l'illustration qui suit est un bien bel exemple.
Armes Holstein, église de Jetenbuch (Siebmacher, 1909)

samedi 4 août 2012

"plain" et "plein" en langue du blason

Plain et plein sont deux déterminants qualifiant l’écu.
   Plain (< lat. planus "plan") signifie que l’écu est d’une couleur unie, sans aucune figure.
   Plein (< lat. plenus "plein") indique que l’écu correspond aux armoiries d’un “chef d’armes”, c’est-à-dire l’aîné de la branche aînée et que ces armes ne comprennent aucune brisure, aucune marque de cadet (Cf. le billet sur Les brisures).

dimanche 29 juillet 2012

Attributs et Bestiaires

En héraldique, les attributs donnés à un certain nombre d’animaux aident à les identifier : l’autruche tient un fer à cheval dans son bec et la grue une pierre dans sa patte. Ces identificateurs sont issus des Bestiaires du Moyen Âge.
   Les figures héritées des Bestiaires comportent des animaux vrais et des animaux imaginaires, ainsi que certains êtres hybrides.
   Après les avoir présentés rapidement, je les reprendrai un par un pour donner plus de détails iconographiques et lexicographiques
   Certains attributs ne sont blasonnés que s’ils sont d’une couleur spécifique ou encore pour signaler qu'ils sont absents, deux indices de leur relative ancienneté.
   L'attribut peut aussi être absent dans le cas d'armes parlantes : en effet, il n'est pas nécessaire de préciser l'identité de la figure, le nom du porteur d'armes servant d'indice.
Thomas Sybel de Aynsford (1531), Coll. Arms, ms D.13, f° 2
(détail de la couverture de l'ouvrage de Rodney Dennys, The Heraldic Imagination,
New York: Clarkson N. Potter, 1975)

samedi 14 juillet 2012

La notion de "contre-" en langue du blason

L’élément de composition contre- ne peut être présenté sans faire appel aux illustrations qui permettent de mieux appréhender les subtilités de son emploi. La majorité des qualificatifs composés de contre- peut se présenter sous deux formes qui varieront selon les époques : fascé peut donner contre-fascé ou fascé-contre-fascé, cette dernière formule décrivant plus finement certaines compositions : un fascé-contre-fascé est un fascé auquel on a accolé son reflet (comme dans un miroir), avec les couleurs alternées au niveau du trait de partition.
  L'exemple suivant permet de comprendre que la notion de "contre-" était utilisée pour traduire des dessins complexes tout en cherchant à garder une formule concise.
Condet, s. de Morialmé, BEL 40r6 (illustration d'après Boos 19) - ce qui est blasonné actuellement :
"de vair en chevron à deux étais de gueules" [description qui ne donne pas l'information
que les pointes des cloches de vair se touchent et qui risque d'être incomplète pour permettre
de dessiner l'écu sans modèle] - blasonnement dans l'armorial du héraut Orléans, avant 1342 :
""De Moriamés, vairé contre vayré chevronné contre chevronné sur le tout trois chevrons de gl." -
autre illustration dans l'armorial Le Bouvier, v. 1454-1457, avec blasonnement restitué
["vairé en sautoir, à deux chevrons de gueules brochant sur le tout"] -
on rencontre cet écu aussi dans Navarre 1188, Gelre 1016 et Bergshammar 1221

dimanche 8 juillet 2012

Les mésaventures du lion de la famille Tranchelion

Au cours de l’histoire de l’héraldique, les armoriaux, catalogues d’armoiries décrites ou illustrées se sont succédés. Si l’on étudie les armes d’une famille, on constate que le texte et l’image peuvent se répondre de manière exacte ou inexacte. Cela fait ressortir la possibilité, rare, de variation de sens et d’image.
   J’ai choisi, comme exemple, celui de la famille Tranchelion.
Sceau Tranchelion de 1540 (d’après Brault fig. 139)

jeudi 28 juin 2012

Figures (pièces, meubles) en nombre

La disposition des éléments en nombre est en rapport avec la forme ancienne de l’écu, en triangle. Avec l’évolution de l’écu vers la forme carrée pour aboutir à la forme dite “à la Bara” (avec le bas en forme d'accolades [merci à Rincevent]), les éléments d’un écu ancien sont devenus difficiles à répartir de façon équilibrée.
1292-95 - Le vidame de Chartres, LBR 392 (©Archives Nationales)
1370-86 - Die Here v. Vydame v. Tsaerters, GEL 450, f° 50v
(merci à YdT pour la numérisation et la colorisation de l'écu)
1436-1440 - peut-être Guillaume, vidame de Chartres, ETO France 54v (©BNF)
1579 - Le vidame de Chartres, Bara (d'après Boos 689)
   Dans l’exemple ci-dessus, la même figure est représentée dans LBR avec neuf merlettes, dans GEL neuf encore, étranglées par le changement de forme de l’écu et que l'on peut aussi blasonner d’or à deux fasces de sable à l’orle de neuf merlettes du même, qui passent ensuite dans ETO à sept pour garder une composition équilibrée. Bara, avec sa forme d’écu parfaitement carré, restitue sans problème les neuf merlettes.

dimanche 17 juin 2012

Le dragon héraldique

Dans la classification héritée du Moyen Âge, le dragon est le roi des reptiles. Emblème de certaines légions romaines (ce que l'on retrouve dans le dragon du pays de Galles), il est très présent dans les Bestiaires du Moyen Âge et dans les enluminures des manuscrits : en tant qu'emblème pré-héraldique, il décore les bannières païennes (maures, sarrasines ou encore turques...).
Dragon, Très riches heures de Champagne (présentées ici),
Bibliothèque municipale de Châlons-en-Champagne, Ms 1716 f°67v (©Interbibly)
(d'autres illustrations de dragons tirées de Bestiaires peuvent être admirées sur le site The Medieval Bestiary)

samedi 9 juin 2012

Le Père C.-F. Menestrier

Le Père Claude-François Menestrier occupe une place toute particulière dans l'histoire "théorique" de l'héraldique et surtout dans sa mise en place en tant que science héraldique ou art héraldique.
   Le Père Menestrier faisait partie de l'ordre des Jésuites. Son oeuvre sur l'héraldique est considérable et s'inscrit dans l'œuvre pédagogique, spécifique aux Jésuites, comprenant tout spécialement un apprentissage de l'héraldique. Leur pédagogie aux XVIIe et XVIIIe siècles est présentée par P. Palasi dans son ouvrage sur Les jeux de cartes et de l'oie héraldiques aux XVIIe et XVIIIe siècles paru en 2000. Le déclin de leur influence commencera peu avant 1690, puis la Révolution interdira leur enseignement, faisant tomber dans l'oubli l'enseignement spécifique de l'héraldique.
   Je présenterai, avant tout, les oeuvres accessibles ou commentées en ligne. J'ai volontairement omis les ouvrages numérisés de manière particulièrement médiocre par Google.
N.B. Mis à jour le 1er décembre 2014.
Claude-François Menestrier (1631-1705) (©GVNL & BM de Lyon)
  • Sa vie
  • Son œuvre
  • Définition du créquier dans les différents traités

jeudi 31 mai 2012

Armoriaux anciens

Les armoriaux sont présentés sous forme alphabétique abrégée, accompagnés quand disponibles d'une illustration et d'un lien vers l'original (ou ses copies, contemporaines ou plus récentes), ou encore vers l'édition savante du fac-similé ou du texte seul.
La liste n'est pas exhaustive, tant s'en faut. Je suis partie de la liste sur laquelle E. de Boos s'était appuyé pour illustrer son Dictionnaire du blason.
Les découvertes se faisant au fur et à mesure, la liste est complétée/corrigée/illustrée chaque fois qu'une nouvelle information est disponible (illustration ou lien). Les illustrations sont placées entre le nom et la notice qui les concernent. 
[mis à jour le 13/04/2019, les éléments en gras ont été re-vérifiés]
[FRA armorial ; ENG armorial ou roll of arms ; DEU Wappenbuch ; NED wapenboek ; ESP armorial ou libro de armeria ; ITA stemmario] [FRA rôle d'armes ; ENG roll of arms ; DEU Wappenrolle]

dimanche 27 mai 2012

L'éléphant de la famille Helfenstein (Souabe)

Dans le monde de l'héraldique germanique, la figure de l'éléphant est très intimement liée à la famille Helfenstein.
Les armes parlantes de cette famille sont très tôt connues puisqu'on les rencontre déjà dans le rôle d'armes de Zurich (Helfen, mot proche phonétiquement de Elefant "éléphant" et Stein "pierre, rocher, mont").
"un éléphant sur un mont alésé", détail de la pierre tombale
d'Adelheid von Helfenstein, 1356 (©Andreas Praefcke)
  • La langue
  • Les images

jeudi 17 mai 2012

La croix

La croix, toutes variantes confondues, fait partie des figures très fréquentes en héraldique, après le lion et l'aigle.
"de sable à la croix d'or", Guillaume d'Albon, REV 782 (d'après Boos 113)
   Les variantes de la croix sont très nombreuses, même si certaines sont fort rares. Dans la liste qui suit, les appellations mises en italique existaient déjà en ancien français (AF) :

samedi 5 mai 2012

Compte rendu de l'article « La langue du blason »

J'avais commencé mon blog en signalant cet article sur "La langue du blason"  :
J'ai découvert […] que c'était aussi le titre d'un article de François Millepierres paru dans la revue Vie et Langage en juin 1968. Je me suis demandé ce qu'il pouvait bien contenir et ce que venait faire un article sur l'héraldique au milieu de ceux d'autres auteurs traitant, par exemple, de "L'esprit des peuples à travers leurs mots d'esprit", "Les Américains et la langue anglaise", "Tous dans la limonade !" et autres passionnants problèmes du langage… [présentation des articles sur la couverture de la revue]. 
Armes du comte de Soissons,
Vie et Langage 195, juin 1968 (©Larousse)

lundi 23 avril 2012

Les créquiers de l'illustre maison de Créquy

La maison de Créquy (ou Créqui) fait partie des trois grandes familles françaises dont l'ancienneté remonte aux premiers temps de l'héraldique et même avant, et qui sont si connues qu'on disait autrefois :
"Ailly, Mailly, Créquy
Tels noms, telles armes, tels crys"
Jean V de Créquy, Grand Armorial Equestre de la Toison d'Or, v. 1450 ©BNF

lundi 16 avril 2012

Notions - les brisures


Les brisures sont des figures qui se particularisent principalement par l'usage qui en est fait : elles servent à différencier deux individus de la même famille.
     Plein signifie que l’écu correspond aux armoiries d’un “chef d’armes”, c’est-à-dire l’aîné de la branche aînée et que ces armes ne comprennent aucune brisure, aucune marque de cadet.
     Les figures servant de brisure ne sont pas des divisions, mais peuvent être des pièces, souvent diminuées, et surtout des meubles. Ces derniers, ayant la possibilité d'être représentés en toute petite taille, se prêtent mieux à ce genre d'usage.
     Notre propos portera spécialement sur l'armorial Le Breton car il permet de mieux appréhender comment s'est construit le système des brisures.
[FRA brisure ; ENG cadency, mark of cadency ou brisure ; DEU Beizeichen ou Brisure ; ESP brisura ; ITA spezzatura]
[FRA pleines (armes -) ; ENG full]
[FRA lambel ; ENG label ; DEU Turnierkragen ; NED barensteel ; ESP lambel ; ITA lambello]

lundi 9 avril 2012

Notions - les meubles


Nous avons parcouru les partitions (ou divisions qui créent des zones distinctes à l'intérieur de l'écu) et les pièces (figures principales dont la position est fixe et le nombre limité). Nous allons examiner maintenant les meubles, figures dont la place n'est pas fixe. Soit on peut donner leur nombre, soit elles peuvent être innombrables ou sans nombre (on parle alors d'un semé). Leur spécificité, rare en héraldique, est de constituer un ensemble ouvert : toute nouvelle figure peut être introduite en héraldique en tant que meuble. On trouve ainsi des mongolfières pour la famille de Montgolfier.
     Furetiere nous dit qu'un meuble, c’est « tout ce qui charge, brise ou accompagne les pieces & les divisions d’un escu » (1690, notice “meuble”).
[FRA meuble ; ENG charges ; DEU Figur ou Zeichen ; ESP muebles]

lundi 2 avril 2012

Sources héraldiques

Ce billet est destiné à être enrichi au fur et à mesure des "découvertes" de sites d'organismes officiels, souvent mal ou pas référencés, mais il existe des exceptions.
     Pour rassembler ces informations, j'ai bénéficié, entres autres, de plusieurs sources précieuses : le blog BibliOdyssey, le forum de discussion La nef des fous et le moteur de recherche Eureopana.

samedi 24 mars 2012

Notions - les pièces

Un écu est constitué de plusieurs sortes d'éléments : les partitions, les pièces et les meubles. Après les partitions, nous passerons en revue les pièces.
[FRA pièces (honorables) ; ENG (honorable) ordinaries ; DEU (Ehren)stücken ; ESP piezas (honorables) ; ITA pezze (onorevoli)]

     Je présenterai les pièces les plus fréquentes (les principales) : la fasce, le pal, la bande et la barre ;

"de gueules à la fasce d’argent", Draguinet de Lastic, REV 420 (d'après Boos 34)
"d’argent au pal de sable", Waal, ZUR 429 (d'après Boos 61)
"de gueules à la bande d’argent", Étienne Clanche, REV (d'après Boos 72)
"d’azur à la barre d’argent accompagnée de deux trèfles de sable, à la bordure du même",
Pierre Lancerroix, REV 700 (d'après Boos 819)

samedi 17 mars 2012

Notions - les partitions

En plus des couleurs, les armoiries sont ornées de figures. Celles-ci peuvent être de plusieurs natures – des partitions, des pièces ou des meubles.
     Nous verrons tout d'abord les partitions. La définition la plus complète est celle donnée par E. de Boos (2001) : "Nom générique donné aux motifs géométriques résultant de la division de l’écu ou des figures en un nombre pair de divisions égales et d’émaux alternés. Il existe quatre lignes de partition principales, le parti, le coupé, le tranché et le taillé, desquelles dérivent les autres partitions." 
[FRA partitions ; ENG partitions ; DEU Teilung ; NED ?? ; ESP particiones ; ITA partizioni]
N.B. Toutes les illustrations théoriques (en noir et blanc) sont tirées ou adaptées de G. Brault (1972).
Erratum du 26 novembre 2013 : L'exemple du taillé (provenant de Palliot, p. 618 et repris dans Bouton, p. 51) s'est révélé erroné (merci à André Chappuis). En effet, le canton suisse de Zurich se blasonne comme suit : "tranché d'argent et d'azur". J'ai donc remplacé l'écu de Zurich par un "vrai" taillé, figure rarissime, il est vrai (Des Clopets, une famille éteinte dont les armes semblent avoir été relevées par les Loisie, en Bourgogne).

samedi 10 mars 2012

Notions - liste de références bibliographiques

Une majeure partie des références est déjà mentionnée dans Notions - liste d'abréviations. Je ne rappellerai que ce qui me paraît l'essentiel de la documentation héraldique, en écartant les trop nombreux ouvrages ayant recopié (souvent sans en changer une virgule) les grands pionniers que sont Palliot et Vulson de La Colombière.
    Chaque fois que cela existe, je mentionnerai la possibilité de consulter en ligne (par un lien).
    Pour ceux qui souhaitent trouver réunies un plus grand nombre de références, voir ici la page Références bibliographiques et sources (sceaux, armoriaux et généalogies) que j'ai constituée et que je mets à jour régulièrement.

samedi 3 mars 2012

Notions - liste d'abréviations

Pour éviter d'alourdir inutilement le texte des billets et surtout la légende des illustrations, j'ai souvent utilisé des abréviations, explicitées ici.
  • Les principales langues européennes
  • Le français
  • Les armoriaux anciens
  • Les traités d'héraldique et ouvrages récents
  • Abréviations spécifiques au CNRTL

samedi 25 février 2012

Notions - les couleurs

Les couleurs sont appelées "émaux" dans les traités du blason.
     L'ensemble des couleurs comprend les métaux (or et argent), les émaux, appelés couleurs (gueules, azur, sinople et pourpre) et les fourrures (hermine et vair)
Illustration d’après le cédérom L'univers du blason (©BNF)
[FRA émail ou couleurs ; ENG enamel ou colours ; DEU Farbe ou Tinktur ; NED ?? ; ESP esmalte ou colores ; ITA smalto ou colori]
[FRA métaux ; ENG metal ; DEU Metalle ; NED ?? ; ESP metales ; ITA metalli]
[FRA fourrures ou pannes ; ENG fur ; DEU Pelzwerk (ou Kürsch, si naturelle) ; NED ?? ; ESP forro ; ITA pellicia]

samedi 18 février 2012

Notions - la structure de l'écu

L’écu est à l’image du corps du chevalier, comprenant la tête (chef), les bras (dextre et senestre ; à main droite ou gauche), les hanches (flancs ou côtés), le buste (milieu, cœur ou abîme), les jambes (pied ou pointe).
   De manière étonnante, la dextre se situe à gauche et la senestre à droite, car on doit imaginer l’écu posé ou accroché devant le chevalier qui nous fait face, et il s’agit de “sa” droite et de “sa” gauche.
   Les expressions à dextre et à senestre correspondent à toute la hauteur des côtés de l'écu, ou à la dextre / senestre de l’objet de référence, mais jamais à un point central du côté.
Plaque funéraire de Geoffroy Plantagenêt
au musée Tessé, Le Mans, v. 1150-1155 (©F. Velde, Heraldica)
Ces termes ou expressions sont appelés "points" dans les manuels.

samedi 11 février 2012

Notions - introduction

D'où proviennent les armoiries et la langue qui sert à les décrire ?

1. Origine des armoiries
Atlas de Frederik V, vol. 2 “Le monde et l’Europe”,  f°19 (détail)
©Der Kongelige Bibliotek 

samedi 4 février 2012

La langue du blason - présentation

Le titre de ce blog est le titre de la thèse que j'ai soutenue le 12 novembre 2009 à l'École Pratique des Hautes Études, sous la direction de Michel Pastoureau.
   J'ai découvert quelques temps après que c'était aussi le titre d'un article de François Millepierres paru dans la revue Vie et Langage en juin 1968. Je me suis demandé ce qu'il pouvait bien contenir et ce que venait faire un article sur l'héraldique au milieu de ceux d'autres auteurs traitant de "L'esprit des peuples à travers leurs mots d'esprit", "Les Américains et la langue anglaise", "Tous dans la limonade !" et autres passionnants problèmes du langage… [je cite ce qu'on peut lire sur la couverture]
   J'envisage de commenter et recentrer cet article qui peut intéresser les personnes averties, à titre de curiosité (voir ici).
   Après vous avoir présenté le contenu de ma thèse, je survolerai ce que contenait cet article du même nom fait par un philosophe, humaniste mais non spécialiste de l'héraldique.